La phase de construction étant achevée, nous sommes entrés depuis janvier en phase de mise en production de l’unité de méthanisation Chemin du Roi. Cette étape se déroule parfaitement, il est temps pour nous de vous faire un retour d’expérience.

Les étapes de la mise en production de l’unité de méthanisation Chemin du Roi

En janvier, nous avons rempli les deux digesteurs en même temps avec du lisier et du digesta froid. Le digesta venait d’une lagune de digesta de chez Biométha à Ivry le Temple.

Puis début février, nous avons commencé à chauffer. Nous avons donc pris 1°C par jour pour atteindre 40°C aux alentours du 10 Mars. En effet avec une mise en production hivernale, nous sommes presque partis de zéro degré.

Dés les 40°C, environ le 10 mars, nous avons pu incorporer de la matière organique progressivement. En effet l’enjeu était de permettre aux bactéries de se développer et à la biologie de se mettre en place. Ce sont des pulpes de betteraves issues de la sucrerie Saint Louis d’Etrepagny et de l’ensilage de maïs produit au en 2020 sur nos exploitations agricoles qui ont été introduits. Nous avons également introduit du digesta chaud qui d’après nos analyses a joué un rôle majeur dans le développement des bactéries.

Quelques jours plus tard, l’unité de méthanisation a commencé à émettre du gaz. Nous avons de plus pu démarrer la torchère ce qui montre que ce gaz est déjà riche en méthane. Nous attendons maintenant la phase d’injection avec impatience.

Le bilan de cette mise en production ?

Cette mise en production s’est parfaitement déroulée. Nous n’avons pas eu de difficulté majeure mais fait beaucoup de réglages : pression dans les bâches pluviales, gestion des incorporateurs, utilisation du logiciel.

Nous conseillons spécifiquement l’introduction de digesta chaud pour booster la biologie. Zen effet cela nous a été très bénéfique.

Lors du démarrage de l’installation, nous nous sommes intéréssés à la réglementation autour des intrants utilisés. L’utilisation de Sous-Produits Animaux (SPAn) au sien d’une unité de méthanisation comporte un risque sanitaire. L’établissement d’un dossier de demande d’agrément sanitaire est donc obligatoire.

Le classement des SPAn

Les SPAn sont classés en 3 catégories. Les Catégories 3 sont les matières à faible risque comme les déchets de table ou les déchets de l’Industrie Agro-Alimentaire.

Ensuite, les Catégories 2 à haut risque sanitaire regroupent les effluents d’élevage (lisier, fumier, guano, …).

Dans ces cas, les catégories 2 et 3 sont les seules SPAn acceptés en méthanisation. A spécifier, ces matières sont admissibles dans la production de biogaz après une étape d’hygiénisation. Seules des exceptions, comme le lisier, peuvent rentrer en dérogation à l’hygiénisation à condition de prouver la maîtrise du risque bactériologique de la matière.

La dernière catégorie regroupe les matières à haut risque Catégorie 1. Ces produits ne sont pas acceptés en traitement biologique car comportant un risque sanitaire important même après passage dans les digesteurs.

Les différentes étapes du dossier

Tout d’abord, le dossier commence par la présentation de l’entreprise avec les coordonnées du site. Elle comprend la présentation des actionnaires ainsi que d’autres informations sur l’organisation de l’unité comme les horaires d’ouvertures.

Ensuite, vient la description détaillée des intrants prévues dans le fonctionnement normal de l’installation. Toutes les matières doivent y être présentées même celles qui ne sont pas des SPAn. Les informations données tournent autour de l’aspect “suivi des matières”.  On y retrouve les volumes de matières brutes, les équipements de transport ou d’incorporation.

Une autre partie de l’agrément aborde le plan de maîtrise sanitaire du site. Le process de l’unité est au centre de ce plan. Cela regroupe les caractéristiques de digestion, la maîtrise de la température, la maîtrise de l’eau, etc… En outre, ces caractéristiques de fonctionnement permettent de justifier le bon abattement de la charge organique par la méthanisation.

Enfin, le dossier d’agrément sanitaire s’appui sur la méthode HACCP. Cela permet de vérifier si le site parvient à contrôler le risque de contamination en toute circonstance. La démarche HACCP mesure les dangers présents sur le site. Cette méthode calcule le danger en fonction du niveau de risque, de la probabilité et de la gravité d’une non-conformité. Par la suite, le gestionnaire doit fournir un plan préventif ainsi qu’un plan curatif en fonction des dangers présents sur son installation.

Instruction du dossier

L’entreprise doit remettre le dossier d’agrément sanitaire complet à la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations). Dans certains départements, l’instruction du dossier est confiée à un autre organisme. Dans la Somme, l’Oise et l’Aisne, c’est la DRAFF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) qui s’occupe de l’instruction du dossier . La meilleure chose à faire pour être informé de la démarche à suivre est de contacter la DDPP.

La seconde étape est donc l’instruction du dossier. Le dossier doit contenir toute les parties demandées par la réglementation du traitement des SPAn.

Puis, l’organisme d’instruction pourra ainsi convenir d’une visite de contrôle. Cette visite a pour but de voir si les mesures décrites dans le dossier sont bien mis en place.

Conseil

La construction d’un dossier d’agrément sanitaire est complexe et demande une méthode assez spécifique. Des organismes peuvent vous proposer de réaliser votre dossier et vous accompagner dans les démarches. Cela peut-être votre constructeur ou d’autre organisme comme la chambre d’agriculture. Néanmoins, si vous décidez de construire votre dossier en interne, l’ADEME a publié un guide complet sur l’obtention de son agrément sanitaire pour le traitement de SPAn.

Dés le début du projet nous avons eu a coeur de construire un process de choix des intrants. Nous espérons ainsi pouvoir sélectionner les matières organiques les plus pertinentes.

Vers un process de choix des intrants

Pendant la construction de notre unité de méthanisation, nous avons commencé à sourcer des matières organiques en complément de nos productions agricoles. Il nous est très vite apparu que le choix était vaste et que la selection des matières était un sujet important. Nous avons donc souhaité mettre en place un process de choix des des intrants.

Pour valider l’intéret d’un intrant, 3 paramètres rentrent en ligne de compte :

• Le taux de matière sèche : pour un même poids de matière, c’est le taux de matière que le méthaniseur va pouvoir digérer. L’eau contenu dans les matières n’étant pas méthanisable… Il doit donc être le plus élevé possible.
  
• Le taux de matière minérale : il doit être faible car les minéraux se dépose dans les cuves du méthaniseurs.
  
• Le potentiel méthanogène : c’est le taux de méthane produit pour une même quantité de matière entrante. Il doit donc être le plus élevé possible !
  

Il existe des ABAC disponibles sur internet et donnant ses informations moyennes pour certaines matières organiques. C’est une base mais les matières n’étant pas homogènes ça ne nous a pas semblé ni suffisant ni exhaustif. En effet, nous pensons que plusieurs échantillons de chaque matière doivent être analysés.

Internaliser ou externaliser ?

 Dès le printemps, nous nous étions équipé d’un désicateur permettant de tester le taux de matière sèche de nos cultures avant ensillage. Nous avions donc la capacité de tester ce paramètre en interne.

Concernant les deux autres paramètres, nous avons commencé par sous-traiter. Chaque test nous coutait 250€ et nous devions attendre en moyenne un mois pour avoir des résultats. C’était donc plutôt long quand on sait que les résultats à 10 jours sont prédictifs.

Nous avons donc fait le choix de nous équiper pour être indépendants sur l’ensemble du testing de matière.

• Pour tester le taux de matière minérale, nous avons choisi un four à chambre qui chauffe à 1000°C.
• Pour tester le pouvoir méthanogène des matières organiques nous nous sommes équipé d’un mini-réacteur. Nous avons choisi le AMPTS2light.

Pour ces équipements nous avons investi 10000€. Cet investissement sera donc rentabilisé à 40 tests. nous imaginons faire ce nombre de test chaque année. Ainsi cette solution d’internalisation devrait donc être plus rentable. de plus nous gagnerons du temps en ayant des résultats prédictifs sous 10 jours.

Intéret de ces indicateurs dans notre process de choix des intrants

Grâce à ses indicateurs nous allons pouvoir sourcer les matières les plus pertinentes. En effet, ces indicateurs de qualité de matière seront croisés avec d’autre paramètres tels de le prix, le transport, les volumes.

Nous espérons aussi grâce à notre process interne de calcul des indicateurs pouvoir aller vite et ainsi ne pas décourager nos partenaires ayant besoin de fluidité dans la gestion de leurs bio-déchets.

A date, notre laboratoire est en cous de construction. Tout le matériel a été acheté et ne demande plus qu’à être testé.

Le choix du constructeur arrive rapidement dans la conception d’un projet de méthanisation. Nous avons rencontrer plusieurs acteurs mais surtout visiter plusieurs sites actifs avant de nous arrêter sur Agrikomp. On vous explique notre cheminement.

Consultation préalable au choix du constructeur

Le marché de la construction de méthaniseur est un assez petit marché avec seulement 6 acteurs principaux :

• Agrikomp : le spécialiste Allemand
• Valogreen : le concepteur d’unité sur-mesure français
• Envitech : le meilleur préparateur de matière
• Naskéo : le bureau d’étude français
• Hitachi Zosen Inova BioMethan : l’allemand “clef en main”
• AESdana : le multi-spécialiste

Nous souhaitions aller vite dans notre projet afin d’assurer sa faisabilité. Nous n’avons donc choisi de rencontrer les trois premier acteurs cités. certains nous paraissaient moins adaptés à notre projet et d’autres n’avaient pas le temps de pas le temps de nous répondre dans des délais acceptables pour nous. En effet la demande est très forte.

La solution Valugreen nous a semblé très pertinente et flexible mais nous avons craint leur manque de recul. En effet, ils ne sont pas constructeur et ont encore peut d’unité en fonctionnement.

Avec la solution Envitech, c’est la gestion quotidienne et notament le broyage qui nous a arreté malgré leur avance technologique et technique.

De plus nous avons visiter une quinzaine de sites de production de méthane. Nous avons ainsi pu comparer les choix techniques des uns et des autres et collecter leur retours d’expérience.

Agrikomp, choix l’expérience et la facilité du process

Pour notre méthaniseur Agricole Chemin du Roi, notre choix de constructeur s’est rapidement orienté vers Agrikomp.

Les freints à ce choix ont été le prix plutôt élevé et le manque de souplesse sur les choix techniques. En effet, aucun panachage n’est possible, il s’agit d’opter pour un package Agricomp total.

Par contre, les éléments décisifs pour nous ont été leur grande expérience et la facilité de leur process.

En effet, Agrikomp est une société allemande. Or les allemands sont très en avance en terme de méthanisation agricole. Il existe 10 fois plus de méthaniseur agricoles en Allemagne qu’en France. Agrikomp, spécialiste de la méthanisation agricole n’en est donc pas à son coup d’essai. Ainsi nous misons avec eux sur un process qui a fait ses preuves et sur un SAV pertinent. Celà dit par conviction personnel nous aurions préférés acheter français si un acteur avait eu le même recule.

D’autre part, une fois l’unité de méthanisation en fonctionnement, leur process s’avère efficace. Les retours d’expériences sont positifs avec une facilité de gestion au quotidien.

de plus, Agrikomp gère de A à Z la production de méthane : process biogaz et filtration. Ainsi nous nous assuront d’une cohérence de fonctionnement de l’ensemble du process.

Bilan à l’heure de la construction

A l’heure actuelle notre méthaniseur est en cours de construction et Agricomp est sur place. Nous installons le process de méthanisation ainsi que la filtration.

Malgré une négociation commerciale difficile lors de notre décision d’augmenter la capacité de notre unité , à date, nous sommes très contents de notre choix de constructeur ! Le chantier avance bien et ne connait pas de retard malgré le contexte difficile du à la Covid19. Les équipes nous semblent efficace et le matériel performant.

Nous avons effectué un gros travail de consultation et d’information préalable au permis de construire. Ce travail a été riche et a permis de faire pré-valider notre projet par les habitants et les élus locaux.

Identification de différents lieux d’implantation

Début juin 2018, nous avons  réfléchi aux différentes options  en terme d’implantation de notre projet. Nous avons ainsi rencontrer les agriculteurs voisins et sondé les riverains. de plus, nous avons  réfléchi aux contraintes et aux avantages de chaque emplacement potentiel.

De cette étude est ressorti un lieu d’implantation idéal pour nous mais également des solutions alternatives plus ou moins pertinentes. Les sites d’implantation les plus adaptés se situaient sur la commune de Saint-Crepin-Ibouvillers.

Nous avons donc également, dès juin, prévenu le maire de la commune de Saint Crépin Ibouvillers, de l’existence notre projet.

Des discutions et des concessions aux vues d’un accord préalable au permis de construire

Nous avons présenté un premier projet en conseil municipal de Saint-Crepin-Ibouvillers fin juin 2018. Cette première étape de la discussion s’est avérée très intéressante. Pourtant, nous avons essuyé un refus sur l’emplacement que nous avions présenté. En effet, celà nous a permis de pouvoir comprendre les freints des habitants, leurs inquiétudes et de pouvoir les rassurer sur notre transparence vis à vis du projet.

Nous avons eu à coeur de leur expliquer la méthanisation agricole. Une visite de site en activité a aussi été organiser avec ceux qui le souhaitaient.

A l’issu de ses discussions, le freint principal du conseil était la trop grande proximité (500m) du site par rapport aux maisons d’habitation et dans une moindre mesure sa trop grande visibilité.

L’heure des concession était venu et nous nous sommes rabattu sur un second emplacement plus éloigné et moins visible. Cette nouvelle situation présente pour nous des défis techniques mais l’adhésion du plus grand nombre à notre projet nous semblait capitale.

Après la présentation du nouvel emplacement au conseil municipal de Saint-Crépin-Ibouvillers le  9 octobre 2018, celui-ci s’est engagé à donner un avis favorable à notre projet.

Un projet pré-validé localement

Forts de ce premier accord de principe, nous avons ensuite présenté le projet avec aux conseils municipaux du hameau Ressons l’Abbaye et de la nouvelle commune La Drenne. En effet ces communes seront les plus impactées après la commune de Saint Crépin Ibouvillers. Nous avons donc fait deux présentations du projet aux conseillers municipaux au préalble du permis de constrire :

• en juillet 2018 pour le conseil municipal de Ressons l’Abbaye
• en septembre 2018 pour la commune de La Drenne. Entre temps nous avons eu deux réunions avec les habitants de Valeureux (hameau de la Drenne).

Nous avons finalement déposé notre permis de construire en date du 10/01/2019 assez serein sur son acceptation finale.

Nos différents échanges avec les élus  et la population ont permis une  adaptation de l’unité de méthanisation à son environnement. Ils ont également permis d’établir un dialogue perenne entre Chemin du Roi et son écosystème. De plus le projet à été plus rapide et plus efficace grâce à ce travail en amont.

Le permis de constrire validé et le dossier ICPE soumis à enregistrement ont été déposés en février 2019.